Les dimensions scientifiques et spirituelles du changement climatique: 5e partie

Author
Muller, Christine

CERCLE D'ETUDE:
LES DIMENSIONS SCIENTIFIQUES ET SPIRITUELLES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

5e PARTIE: Un défi pour chacun de nous



Section 1: Gérer le stress émotionnel entraîné par le changement climatique

Prendre conscience de la crise climatique et de son amplitude peut être stressant au plan émotionnel. Plusieurs émotions peuvent être impliquées :

  • Un sentiment de perte: La disparition d’espèces, de glaciers, de la nature telle que nous la connaissons.
  • Un sentiment de colère: contre les gros pollueurs ou contre les gens au pouvoir qui ignorent l’enjeu et résistent à prendre des mesures énergiques pour atténuer les impacts du changement climatique.
  • Un sentiment de culpabilité: Nous faisons tous partie de la société qui pollue l’atmosphère de gaz à effet de serre.
  • Un sentiment de peur: pour le futur proche de nombreuses personnes vulnérables, pour le futur de nos enfants, pour le bien être de la vie sur terre, voire pour la survie de notre civilisation.

Comment pouvons-nous gérer ce stress? La réaction la plus confortable serait de faire l’autruche qui met sa tête dans le sable et de continuer à vivre comme d’habitude. En fait, il est plutôt tentant d’ignorer le problème du changement climatique et d’éviter d’en savoir plus sur lui. Mais maintenant nous savons que ce n’est pas vraiment une option.

C’est une épreuve mentale plutôt éprouvante que de faire pleinement face aux ravages potentiels entraînés par le changement climatique. Les épreuves sont purificatrices et peuvent nous aider à progresser dans notre développement spirituel. L’histoire de Job dans les traditions juive et chrétienne nous raconte les souffrances indicibles et la foi indéfectible en Dieu. Elle montre que la justice et la miséricorde sont des mystères au delà de notre compréhension. On trouve ce qui suit dans des Ecrits bahá’ís au sujet de la souffrance:

"La conscience et l’esprit de l’homme progressent quand il est éprouvé par la souffrance… L’homme est, pour ainsi dire, un fruit vert : c’est la chaleur du feu de la souffrance qui le fait mûrir. Examinez le passé et vous constaterez que les hommes les plus grands ont connu les plus grandes souffrances. … Pour atteindre le bonheur éternel une personne doit souffrir. Celui qui a atteint l’état de sacrifice du soi possède une joie véritable. La joie de ce monde est temporaire." [1]
"O fils de l'homme! Si l'adversité ne t'atteint pas sur mon chemin, comment pourras-tu suivre la voie de ceux qui sont contents de mon plaisir? Si, en ton aspiration à me rencontrer, les épreuves ne t'affligent pas, comment parviendras-tu à la lumière dans ton amour pour ma beauté?" [2]
"O fils de l'homme! Une calamité venant de moi, c'est ma providence; en apparence, c'est feu et vengeance, mais en réalité, c'est lumière et miséricorde. Empresse-toi d'aller vers elle pour pouvoir devenir une lumière éternelle et un esprit immortel." [3]

Il faut beaucoup de courage pour reconnaître l’étendue des risques associés au changement climatique. On peut acquérir ce courage en développant nos capacités de connaître et d’aimer, les fonctions les plus essentielles pour un être humain. [4] Il s’agit du même amour spirituel qui est au cœur de toutes les religions: l’amour pour notre Créateur, l’amour de la création, de la nature, l’amour pour nos congénères y compris ceux que l’on ne connaît pas personnellement, qui peuvent vivre dans un autre pays ou sur un autre continent. Nous avons besoin d’inclure dans cet amour les générations futures qui vont souffrir dans toute leur ampleur les conséquences du changement climatique. Cet amour peut aussi être élargi à notre propre culture et aux diverses cultures tout autour du monde, à la musique, à l’art, à tous les aspects positifs de notre civilisation, dans la mesure où ils sont aussi menacés à long terme par les conséquences du changement climatique.

La religion nous procure les outils, les disciplines spirituelles qui peuvent nous soutenir durant notre voyage spirituel. Nous savons que la prière peut nous donner la force de faire face à chaque situation. Elle peut aussi nous soutenir et nous guider dans nos actions visant à atténuer les modalités du changement climatique. Méditer peut nous aider à obtenir une compréhension plus profonde de notre place en tant qu’êtres humains dans l’univers. Lorsque nous méditons, nous nous sentons en connexion avec Dieu, avec la nature, avec les autres êtres humains qui ont vécu dans le passé, qui vivent au présent, qui vivront dans le futur. Cette expérience nous procure du courage et de la force spirituelle. En mobilisant ce courage nous pouvons nous informer constamment de l’état réel de notre planète et des conditions de vie des gens tout autour de la planète: "En tant qu’individus, notre responsabilité la plus importante est de nous engager à acquérir une connaissance de la vérité, dans sa double composante de vérité technique et de vérité éthique. Ce qui nous sauvera c’est une connaissance scientifique approfondie et élargie avec une empathie qui nous rendra capables de comprendre la détresse du pauvre, du dépossédé, des jeunes sans espoir ou des communautés rurales confrontées à des changements déconcertants. Gandhi a parlé de sa vie comme d’une expérimentation de 'vie en vérité'. C’est cette approche que, dans notre génération, nous allons devoir également appliquer à nos vies." [5]

Le psychologue Daniel Jordan a expliqué comment les enseignements bahá’ís peuvent aider à faire face aux défis du temps présent: "Les Ecrits réduisent les doutes et anxiétés à des dimensions qui nous permettent de les traiter pour que nous leur donnions du sens dans une perspective d’histoire de l’humanité et d’état de crise permanente du monde actuel. Cela nous amène à ne pas avoir besoin de nier l’existence des crises ou de refuser d’y faire face. Ainsi la compréhension des données des problèmes auxquels nous sommes confrontés non seulement réduit notre anxiété mais procure du courage." [6]

Nous rendre dans la nature peut aussi régénérer notre corps et notre âme. Travailler le sol avec nos propres mains et soigner la croissance des plantes apporte de la guérison à l’âme. Cela nous apporte aussi la satisfaction de créer de la beauté et, en même temps, de prendre soin d’une petite partie de la création en nourrissant la qualité du sol, en aidant à maintenir la biodiversité et en produisant une partie de notre propre nourriture, ce qui réduit notre empreinte carbone personnelle.

Finalement, nous avons, en tant qu’individus, le pouvoir d’entreprendre dans nos propres vies quelques actions, grandes ou petites, qui peuvent atténuer le changement climatique. Nous pouvons réduire nos propres émissions de gaz à effet de serre. Nous pouvons aussi souhaiter adhérer à une organisation dont nous partageons les objectifs. Avec d’autres gens nous pouvons contribuer à l’amélioration du monde, par exemple en travaillant collectivement à l’atténuation d’un aspect du changement climatique. Il n’est pas nécessaire que nos actions soient grandioses. Les efforts modestes de millions de gens accompliront beaucoup de changements y compris les modifications nécessaires de lois et de politique publique. Et l’action est le meilleur antidote à la sinistrose.


Section 2: Le rôle des communautés religieuses

Depuis que nous existons en tant qu’êtres humains, nous avons tenu pour acquis que la Terre a toujours là pour nous procurer tous les systèmes supports de notre existence, apparemment sans risques d’épuisement. Aujourd’hui, le changement climatique menace de détruire les fondations de la vie sur la planète et la survie de la civilisation humaine.

"Au moment où nous sommes confrontés à la plus grande crise que les humains aient jamais créée, comment pouvons-nous simplement continuer nos petites affaires comme d’habitude?" [7] Beaucoup de gens se battent avec ce problème. Avec une bonne dose d’optimisme Lester Brown a expliqué dans son livre Plan B, comment nous pouvons utiliser de nouvelles technologies et construire une nouvelle économie qui puisse être soutenable et favorable au climat. Quoi qu’il en soit, il se plaint ensuite des difficultés apparemment insurmontables à mobiliser un grand nombre de peuples et de gouvernements pour opérer des changements profonds et de grandes portées: "Il est difficile de trouver des mots pour faire passer le message sur la gravité de la situation. Comment faire comprendre l’urgence de ce moment dans l’histoire. Est-ce que demain il sera trop tard? Est-ce que chacun de nous est suffisamment concerné pour que la tendance s’inverse maintenant?" [7]

À part les connaissances généralement insuffisantes sur le changement climatique, la raison essentielle de notre lenteur à y répondre peut être que nous sommes encore emprisonnés dans notre nature animale. Probablement pour la première fois dans l’histoire, chaque personne sur la planète doit faire des sacrifices au bénéfice de la survie de nos espèces. Ce genre de coopération va fondamentalement à l’encontre de notre nature animale. La théorie de l’évolution présuppose que nous sommes égoïstes, même si le fait de coopérer bénéficierait aux espèces dans leur ensemble. Le sacrifice du soi et la coopération pour le bien général va à l’encontre de notre "biologie" ou des "règles de la nature" dans la dimension physique. [8] Ainsi nous sommes contraints de nous élever à la dimension divine et de trouver des solutions spirituelles. C’est l’épreuve ultime pour l’humanité considérée dans son ensemble : est-ce que les humains sont disposés à s’élever au dessus de leurs désirs personnels pour sauver l' espèce? Est-ce que notre développement culturel et spirituel peut outrepasser les tendances animales qui nous conduisent à nous élever au dessus des autres, même lorsque le sacrifice personnel est marginal en comparaison avec le risque de calamité que l’humanité encourt dans son ensemble?

Le plus grand accomplissement de la religion a consisté à élever l’être humain à un niveau d’existence spirituelle en le transformant moralement : "Grâce à ses enseignements et à l'exemple de vies qui en furent illuminées, la plupart des gens, à toutes les époques et en tous lieux, développèrent la capacité d'aimer. Ils apprirent à discipliner l'aspect animal de leur nature, à faire de grands sacrifices pour le bien commun, à pratiquer le pardon, la générosité et la confiance, à utiliser richesses et autres ressources pour servir le progrès de la civilisation. Et pour traduire sur une vaste échelle ces avancées morales en normes de vie sociale, des systèmes institutionnels furent conçus. Même obscurcis par des accrétions dogmatiques et déviés de leur but par des conflits sectaires, les élans spirituels suscités par des personnages transcendants comme Krishna, Moise, Bouddha, Zoroastre, Jésus et Mahomet ont exercé l'influence la plus profonde sur le processus civilisateur de la personne humaine." [9] En fait, ils ont été la force motrice du développement des civilisations humaines. Leur message est "doué d'une telle puissance qu'elle peut insuffler dans tout être humain une vie nouvelle." [10]

"Le mal qui affecte le corps politique est le manque d’amour et l’absence d’altruisme. Les enseignements spirituels de la religion de Dieu peuvent seuls / seule créer l’amour, l’unité et la concorde dans le cœur des êtres humains." [11] 'Abdu'l-Baha

"Soyez généreux comme votre Père est généreux." [12]

"Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux." [13] La Bible

La religion nous aide à surmonter l’égoïsme, à avoir un cœur d’amour, à aider et à servir notre prochain. C’est une condition préalable pour que nous soyons enclins à changer des habitudes de longue date qui sont polluantes et à d’adopter un mode de vie plus simple. En même temps, la religion élève la conscience de l’ensemble des cultures et des sociétés. Aujourd’hui, la religion peut élargir notre esprit de solidarité de manière à inclure l’ensemble de l’humanité, en fait l’ensemble des créatures vivantes sur cette planète.

Les communautés religieuses ont donc la responsabilité particulière de soutenir le devoir moral de passer à l’action, d’appliquer des principes spirituels pendant les actions et d’initier des changements nécessaires dans le mode de vie. Il est réconfortant de voir comment une conscience environnementale et une réaction éthique se développent dans les communautés religieuses. Plus important encore, les communautés ont commencé à s’engager dans l’action. Aux États Unis, il existe de nombreuses initiatives inspirées par la foi, par exemple la Coalition de l’environnement et de la vie juive (Coalition on the Environment and Jewish Life), la Fondation islamique pour l’écologie et les études environnementales (Islamic Foundation for Ecology and Environmental Studies), les programmes d’Eco justice du Conseil national des Eglises (National Council of Churches) ou de l’organisation Lumière et Capacité Interreligieuse (Interfaith Power and Light) qui est une réponse religieuse au défi du réchauffement climatique. [14] De la même manière on trouve au Royaume Uni la Fondation islamique pour l’écologie et des études environnementales [15], le mouvement chrétien Opération Noé (Operation Noah) [16] et le mouvement juif sur le web: "Big Green Jewish" [17]. Et en Australie, l’organisation "réponse religieuse australienne au changement climatique" (Australian Religious Response to Climate Change) [18], un réseau inter-religieux qui est engagé dans l’action dans le domaine du changement climatique.

Il est cependant nécessaire que ce mouvement ne reste pas au franges de la vie religieuse, mais devienne une priorité dans chaque communauté et au cœur de chaque individu.

Discussion: Discuter, comment le passage suivant met en lumière la nécessité d’un processus de spiritualisation.

"Le chaos et la confusion augmentent chaque jour dans le monde. Ils atteindront une telle intensité que la structure de l’humanité en deviendra incapable de les supporter. Alors les hommes s’éveilleront et deviendront conscients du fait que la religion est la place forte inexpugnable et la lumière manifeste du monde, et ses lois, exhortations et enseignements la source de la vie sur terre." [19] Baha'u'llah

Section 3: Qu’est ce que le progrès?

Chaque crise est également une occasion. Le changement climatique constitue un enjeu qui requiert une coopération globale à un niveau qui n’a jamais été atteint auparavant. Il est tout à fait possible que la crise climatique va pousser l’humanité à s’unir dans le but de survivre. "Que ce soit dans la vie de l’individu ou de la société, les changements profonds s’opèrent le plus souvent en réponse à une intense souffrance, à des difficultés insoutenables qui ne peuvent pas être surmontées d’une autre manière. Bahá'u'lláh nous a alerté que le fait qu’une telle expérience fortement éprouvante est nécessaire pour que les divers peuples de la Terre puissent être soudés en un seul peuple." [20]

L’unification de l’humanité peut également créer un niveau de capacité à résoudre d’autres problèmes sociaux. Abandonner la guerre et la production d’armes pourrait procurer plus de moyens que nécessaires pour construire une société sans carbone, restaurer des ressources naturelles comme les forêts ou les pêcheries, pour éradiquer la pauvreté et apporter la santé à chacun sur la planète.

Construire une société dotée d’un environnement durable peut être le début d’une nouvelle civilisation qui sera plus favorable au développement de la spiritualité des individus et de la culture sociale. Dans les pays riches les modes de vie qui se sont développés marqués par l’individualisme et l’objectif central d’accroître le bien-être personnel devrait progressivement ouvrir la voie à des formes de vie plus communautaires. Un tel processus de construction communautaire peut advenir de différentes manières, par exemple dans le cadre de jardins partagés, avec des projets d’énergies renouvelables décentralisés, avec l’utilisation de transports publics et le partage des ressources. Une telle réorientation a le potentiel de libérer l’humanité de la poursuite excessive de biens matériels et d’ouvrir de l’espace pour la créativité, l’augmentation des interactions sociales et le développement spirituel. Chacun aura une vie qui a plus de sens et qui est plus heureuse que la forme actuelle de vie dominée par le stress et l’isolement.

Dans les pays moins développés, la faim et la malnutrition pourraient être éradiqués, l’éducation et la santé améliorées, ainsi les gens pourraient développer leurs potentiels et participer pleinement à leur vie communautaire locale et globale. Ceci ne peut être accompli que dans un système de développement économique durable qui ne peut être basé que sur l’énergie renouvelable. Si les erreurs de la dépendance au carbone fossile sont reproduites dans les pays en développement, nous pourrions échouer dans tous nos autres efforts de restauration de la terre ou d’ éradication de la pauvreté.

Nul doute que ces propositions constituent un défi à nos valeurs de longue date mais qui sont devenues obsolètes, par exemple l’absence de limites à la liberté des individus qui font ce qui bon leur semble ou le mythe de la croissance économique illimitée. Ainsi devons nous redéfinir ce qui constitue le vrai progrès. Dans le passé, il était justifié de considérer la croissance économique comme un progrès désirable. Et cela reste vrai pour de nombreux peuples et pays du monde. Cependant, pour les pays riches et pour l’ensemble de la planète, nous avons atteint les limites de la croissance ; en fait nous avons déjà outrepassé ses limites. L’économie capitaliste actuelle exploite la Terre et détruit ses ressources de vie. Elle exploite également de nombreuses personnes et exacerbe les extrêmes de richesse et de pauvreté. Une réorientation mentale et spirituelle est nécessaire dans laquelle s’insère le concept selon lequel une économie saine dépend d’un environnement en bonne santé. Shoghi Effendi a écrit : " … les théories politiques et économiques ont pour seul but la sauvegarde des intérêts de l'humanité dans son ensemble, et l'humanité n'a pas à être crucifiée pour préserver l'intégrité d'une loi ou d'une doctrine particulière." [21] Un des concepts qui doit être abandonné est celui de la croissance économique illimitée. La nouvelle pensée envisagera l’économie comme un outil pour le bien-être du peuple et pour la gestion soutenable des ressources de la terre.

"Nous avons besoin de changer le cœur, de redéfinir toutes nos conceptions, d’une nouvelle orientation de nos activités. La vie intérieure des êtres humains, de même que la vie liée à leur environnement doivent être redéfinies si nous voulons assurer le salut de l’humanité." [22]

La Charte de la Terre internationale (Earth Charter) expose explicitement cet enjeu:

"Les modes de production et de consommation qui prévalent actuellement causent des dommages considérables à l’environnement, l’épuisement des ressources et la disparition massive de nombreuses espèces. Les communautés locales sont affaiblies. Les bénéfices du développement ne sont pas partagés d’une manière équitable et l’écart entre les riches et les pauvres est de plus en plus grand. L’injustice, la pauvreté, l’ignorance et les conflits violents sont généralisés et causent de grandes souffrances. Une augmentation sans précédent de la population a surchargé les systèmes écologiques et sociaux. Les fondements de la sécurité planétaire sont menacés. Ces tendances sont dangereuses - mais ne sont pas inévitables. C’est à nous de choisir : former un partenariat à l’échelle globale pour prendre soin de la Terre et d’autrui ou bien à risquer notre propre destruction et celle de la diversité de la vie. Des changements fondamentaux dans nos valeurs, nos institutions et notre façon de vivre sont indispensables. Nous devons admettre qu’une fois les besoins de base satisfaits, l’évolution de l’humanité n’est pas une question d’avoir plus, mais plutôt d’être plus. Nous disposons des connaissances et des technologies suffisantes pour subvenir aux besoins de tous et pour réduire notre impact sur l’environnement. L’émergence d’une société civile mondiale offre l’opportunité de bâtir un monde démocratique et humain. Nos enjeux environnementaux, économiques, politiques, sociaux et spirituels sont interdépendants et ensemble, nous pouvons trouver des solutions intégrées. Pour réaliser ces aspirations, nous devons choisir d’intégrer dans nos modes de vie le principe de la responsabilité universelle, se référant autant à la communauté de la Terre qu’à nos communautés locales. Nous sommes à la fois citoyens de différentes nations et d’un seul monde où le local et le mondial sont étroitement liés. Nous partageons tous la responsabilité de garantir le bien-être présent et futur de la grande famille humaine et de toutes les autres formes de vie. L’esprit de solidarité et de fraternité à l’égard de toute forme de vie est renforcé par le respect du mystère de la création, par la reconnaissance du don de la vie et par l’humilité devant la place que nous occupons en tant qu’êtres humains dans l’univers." [23]

Section 4: Une promesse et une responsabilité

"Un âge s’en va, un autre vient, et la terre subsiste toujours." [24] Ecclesiastes 1:4

"Bientôt le présent ordre de choses sera révolu et un nouvel ordre se déploiera à sa place." [25] Bahá'u'lláh

Durant les derniers 200 ans, l’humanité a connu une croissance sans précédent dans tous les domaines : avancements dans le savoir scientifique, révolution industrielle, croissance rapide de la population mondiale. Les pressions énormes imposées à la planète pour satisfaire les besoins et les luxes de la population mondiale en augmentation ont atteint des proportions énormes et dangereuses, amenant l’humanité au bord de l’autodestruction.

En même temps, de nouveaux principes éthiques et des standards de conduite sont apparus et sont devenus majoritaires. Par exemple le concept de l’égalité des hommes et des femmes, bien que n’étant pas établi partout sur la planète, est devenu un critère de civilisation communément accepté. L’esclavage, bien que malheureusement encore répandu, est l’objet d’un rejet, considéré comme une pratique aujourd’hui inacceptable. Le concept selon lequel la planète est une maison commune pour la famille humaine a commencé à imprégner les pensées et les sentiments des gens partout sur la terre. Et au cours des dernières années, les connaissances concernant le changement climatique ont augmenté de manière spectaculaire. De plus en plus de scientifiques dans de nombreux domaines de savoir, depuis la géologie jusqu’à la biologie, ont étudié intensément les innombrables aspects du changement climatique. Ce savoir est accessible au grand public. Des mouvements d’action sur les conséquences du changement climatique se sont répandus en grand nombre dans tous les coins du monde gagnant en dynamisme et en puissance. Par ailleurs, les gouvernements et les personnes en position de responsabilité ont commencé à se saisir de l’enjeu et à s’engager dans l’action.

Dans beaucoup de religions et de traditions il y a des prophéties ou des visions d’un futur glorieux pour le genre humain.
Dans la tradition judéo-chrétienne on trouve les paroles suivantes:

"Il arrivera dans l’avenir que la montagne de la Maison du SEIGNEUR sera établie au sommet des montagnes et dominera sur les collines. Toutes les nations y afflueront. Des peuples nombreux se mettront en marche et diront : 'Venez, montons à la montagne du SEIGNEUR, à la Maison du Dieu de Jacob. Il nous montrera ses chemins, et nous marcherons sur ses routes.' Oui, c’est de Sion que vient l’instruction et de Jérusalem la parole du SEIGNEUR. Il sera juge entre les nations, l’arbitre de peuples nombreux. Martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances, ils feront des serpes. On ne brandira plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre. Venez, maison de Jacob, marchons à la lumière du SEIGNEUR." [26]

Les paroles suivantes sont citées des Ecrits bahá’ís:

"La justice en ce jour se lamente sur son triste sort, et l'équité gémit sous le joug de l'oppression. Les nuages épais de la tyrannie ont assombri la face de la terre et enveloppé tous ses peuples. Par le mouvement de notre plume de gloire, Nous avons, sur l'ordre du tout-puissant Ordonnateur des choses, insufflé dans chaque être humain un renouveau de vie et instillé dans chaque mot une puissance nouvelle. Toutes choses créées proclament les signes de cette régénération mondiale. Telle est la grande, la joyeuse nouvelle qu'apporte à l'humanité la plume de cette innocente victime. Pourquoi avez-vous peur mes bien-aimés?" [27]

Les développements spirituels positifs et les prophéties religieuses nous donnent l’espoir et l’encouragement. Loin d’être une autorisation pour l’inaction, les enseignements religieux nous demandent de prendre nos responsabilités. La Maison Universelle de Justice écrit : les besoins criants de l’humanité…exige un changement fondamental de conscience… l’heure est venu pour chaque être humain sur la terre d’apprendre à accepter la responsabilité qui lui incombe de contribuer au bien-être de la famille humaine tout entière. [28]

"Le changement climatique est un des plus grands défis auxquels la société humaine fait face, sinon le plus grand. Mais c’est un défi que nous devons relever car sans cela l’alternative serait un futur ingérable voire invivable. Bien qu’il soit clair que l’inaction entraînera des conséquences désastreuses, il est également certain que l’effort concerté d’une part de l’humanité à agir pour servir ses propres intérêts prioritaires possèdera une forte capacité d’aboutir à un succès." [29]

Si nous voulons réaliser la vision d’une civilisation en constante évolution et d’une communauté mondiale qui se développe spirituellement, nous devons agir pour préserver nos conditions de vie sur Terre.

"Il est vraiment un homme celui qui, aujourd'hui, se consacre au service de la race humaine tout entière. (…) Heureux et béni est celui qui se lève pour servir les intérêts les plus élevés des peuples et tribus de la terre." [30] Bahá'u'lláh

Une transformation spirituelle de l’humanité est requise pour résoudre la crise climatique. Il est plutôt enthousiasmant de participer au processus: "C’est notre génération qui peut mettre fin à l’extrême pauvreté, qui peut inverser la tendance du changement climatique, et parer à l’extinction massive des espèces. C’est notre génération qui peut s’attaquer à la problématique de la combinaison du bien-être économique et de la durabilité de l’environnement, et la traiter. C’est notre génération qui peut associer la science et une nouvelle éthique globale de coopération pour léguer une planète saine aux générations futures." [31]

Peut-on construire une économie qui préserve l’environnement et une civilisation qui favorise l’évolution spirituelle? Oui! Mais le ferons-nous? Cela dépend de chacun de nous.

"Que votre vision embrasse le monde, au lieu de se confiner à vous-mêmes." [32] Bahá'u'lláh

"Sois le changement que tu veux voir dans le monde." [33] Gandhi

"Grand est le rang de l'homme. Grands doivent aussi être ses efforts pour la réhabilitation du monde et le bien-être des nations." [34] Bahá'u'lláh



REFERENCES

[1] 'Abdu'l-Baha, Causeries d’Abdu’l-Bahá à Paris, chap. 57.

[2] Baha'u'llah, Paroles Cachées, Parole Cachée en persan No. 50.

[3] Baha'u'llah, Paroles Cachées, Parole Cachée en persan No. 51.

[4] Selon le psychologue Assad Ghaemmaghami

[5] Jeffrey D. Sachs Common Wealth (Richesse commune) p. 336

[6] Bill McKibben: "Less carbon, more community building" (Moins de carbone, plus de construction communautaire) CS Monitor, 28 mars, 2007

[7] Plan B 2.0 de Lester R. Brown, p. 259

[8] Selon la biologiste Martina Muller (in an e-mail to the author)

[9] Brochure: Vers une Humanité Prospère, Communauté Internationale Bahá'íe https://iefworld.org/fr/bicpros_fr.htm Dans le texte en anglais : The Prosperity of Humankind, Section 8, Paragraphe 8, à partir de la 2ième phrase du paragraphe.

[10] Baha'u'llah, Extraits des Ecrits de Baha'u'llah LXXIV.

[11] 'Abdu'l-Baha, extrait et traduit du texte anglais de The Promulgation of Universal Peace, p. 171, 61.

[12] Luc 6:36 Traduction œcuménique de la Bible 2010

[13] Mathieu 7:12 Traduction œcuménique de la Bible 2010

[14] Confer: "Inspiring Progress: Religions' Contributions to Sustainable Development" by Gary T. Gardner, p. 168 – 172

[15] http://www.ifees.org.uk

[16] http://www.operationnoah.org

[17] http://www.biggreenjewish.org

[18] http://www.arrcc.org.au/

[19] Citation de 'Abdu'l-Baha dans une lettre écrite au nom de la Maison Universelle de Justice aux croyants iraniens résidant dans différentes régions du monde, le 10 février 1980, texte en anglais dans : Lights of Guidance, Page 126/127, paragraph 6

[20] Extrait de Qui écrit le futur?, une déclaration de la Communauté Internationale Bahá’íe, Section 5, paragraphe 3.

[21] Shoghi Effendi, L’ordre mondial de Bahá’ulláh (The World Order of Baha'u'llah), à la fin de la section "L’unité dans la diversité".

[22] Secrétariat de Shoghi Effendi, lettre en date du 27 Mai 1932 à un croyant individuel, publiée dans "La conservation des ressources terrestres" préparée par le Département de recherche de la Maison Universelle de Justice Deuxième citation dans 3.3 Approches de protection de l’environnement.

[23] Voir LA CHARTE DE LA TERRE: http://www.earthcharterinaction.org/contenu/pages/La-Charte-de-la-Terre.html

[24] Ketuvim (Writings), Ecclesiastes 1:4. Traduction œcuménique de la Bible 2010

[25] Extraits des Ecrits de Bahá'u'lláh, section IV, 2nd paragraphe

[26] Isaiah 2:2-5 Traduction œcuménique de la Bible 2010

[27] Extraits des Ecrits de Bahá'u'lláh, section XLIII, 2nd paragraph

[28] Maison universelle de justice, 2001 - 24 mai – Terrasses)

[29] Extrait de "Dire Predictions – Understanding Global Warming" (Intergovernmental Panel on Climate Change) Auteurs: Michael E. Mann and Lee R. Kump, p.197

[30] Extraits des Ecrits de Bahá'u'lláh, section CXVII, fin du texte.

[31] Jeffrey D. Sachs "Common Wealth" p. 339

[32] Extraits des Ecrits de Bahá'u'lláh, section XLIII, fin du paragraphe 5.

[33] http://thinkexist.com/quotation/be_the_change_you_want_to_see_in_the_world/148490.html

[34] Tablettes de Bahá'u'lláh (révélées après le Kitáb-i-Aqdas), Tablette de Maqsúd, 11:36


7 Juillet, 2015

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